First day of summer (in Iceland)

Cher A.

21h34. Le bleu de cobalt est de retour, plus foncé que la dernière fois. Hier soir je suis sortie pour regarder le soleil se coucher vers 20h40. Hélas de là où j’habite il se couche derrière la nef en forme de coupole du centre sportif de l’Île. Il a fallu que je zoom à la limite de me téléphone pour rendre compte de cet évènement quotidien mais splendide sur lequel que mon cher ami G. écrit son doctorat. J’ai fais une photo pour lui qui ressemble à une ambiance de Los Angeles, il y a même des palmiers par ci par là sur le cliché. Je me disais que j’allais essayer de courir le soir, même s’il fait moins frais que le matin, ce qui me ravive et réveille, mais ce moment où tout le monde a terminé sa journée a quelque chose de prélassant. Alors que les gens ne peuvent pas aller dans les bars et les restauants comme ils ont l’habitude de le faire l’atmosphère est la même. Effectivement en courant ce soir, bien que nous sommes tous dans cette situation de confinement, j’ai presque vécu un moment festif. J’ai peur que ce mot soit trop allègre face à la situation et en même temps il est aussi salvateur. Un baume pour les âmes errantes, perturbées, craintives des gens que j’ai observé les matins lorsque je courrais et dansais. Ce soir je vois autre chose. Des visages de gens contents d’être dehors à l’air libre et détendus de se retrouver avec leurs voisins, les enfants qui jouent et courent dans tout les sens, des joggeurs, des skaters. Une ambiance sunset boulevard style 93. Par le fait de m’avoir approprié l’espace public dans ce kilomètre qu’on m’a autorisé d’explorer officiellement, rien ne m’empêche maintenant de danser le soir comme je le fais le matin. Et il se passe autre chose le soir lors de ce moment d’intervention dansé, je suis curieuse de l’expérimenter. Le soir les gens sont moins sérieux, moins préoccupés, il y a des sourires et des commentaires, de l’approbation du geste que j’émets. Aujourd’hui c’est le premier jour de l’été en Islande, les journées vont être de plus en plus longues là haut comme ici, la lumière va enivrer les uns et aveugler les autres, l’activité de tout genre va augmenter. Le pommier sur le chemin a perdu ses fleurs depuis une semaine déjà. L’été arrive et nous sommes dans cette parenthèse au rythme lent de l'hiver à durée non définie. Hier je disais à G. que je ne sais pas si je rêve ou si je dors et que par moment j’ai réussi à oublier la situation. L’oubli est aussi un moyen de préserver son intuition, sa lucidité - sa colonne vertébrale car il permet de se défaire des émotions et d’être dans l’instant présent sans crainte de l’avenir - mais peut-être c’est tout simplement le contraire. Dans l’instant, un pas après l’autre.