Trouver les mots

Après avoir été en Allemagne chez ma famille les deux dernières semaines de cette dernière phase de confinement je rentre comme si je rentrais de vacances qui n’en n’étaient pas. Mon corps a expérimenté de danser dans la nature, les sensations différentes que cela évoque, la liberté de l’espace qui pose d’autres questions. Les trottoirs, les maisons, les rues instaurent d’emblée un rythme, une chorégraphie s’y crée facilement, il suffit de suivre les lignes des rues, les carrés des pavés par exemple. Sur l’étendue d'un champ où commencer ou plutôt par quoi ?

La vie de la ville elle aussi semble revenue, doucement puis plus bruyante et active. Ce sont les voitures qui me réveillent le matin à nouveau. L’espace temps confiné collectif est donc passé. Il y a un début, milieu et une fin et un nouveau cycle qui s’enclenche. Je pense aux mot de Wen d’il y a bientôt onze ans, mouvement changement transformation. Celle-ci est subtilement perceptible et pourtant très présente.

Je regarde les images en face de moi sur le mur et mon bureau, Valie Export en performance, la montagne Spákonufell enneigé en Islande, l’empreinte de ma main True Blue à côté d’une peinture bleu d’un index plus grand que nature, qui me fais penser à la peinture de son corps en poing, la sorcière que Milo m’a dessiné il y a plus d’un an pour me donner du courage et une carte postale que ma soeur m’a envoyé il y a bien longtemps Begin anywhere (John Cage). J’écoute Chilly Gonzales interpréter Foule Sentimentale; les chansons de ma play liste de ma danse du matin défilent et je les accueille comme des amis ce soir. Elles étaient là avec moi chaque matin. Salut toi, ça va ? On danse ?

Cette nuit lorsque mes pensées allaient dans tout les sens, le bruit d’une mobylette se dessinait dans l’espace comme une ligne jaune au milieu de la nuit. Je ressens comment tout ces mouvements me traversent à nouveau. Le centrage que cette époque aura apporté, il faudra le préserver, le penser, l'introduire dans le quotidien afin de cultiver cette qualité d’écoute car les bruits extérieurs ont augmenté. Le bébé poivron rouge a sêché et rétréci, son essence est bel et bien là, comme une troisième oreille qui percevra les fréquences, les vibrations, afin de s’affiner de plus en plus.