Souvenir / Le retour est toujours plus vite que l'aller

En traversant le parc en fin d’après-midi je me disais que pour retrouver ce moment qui maintenant a été et est devenu passé plus vite que l’ombre, il faudra revenir les matins avant l’ouverture du parc. Ce parc fermé qui contient les arbres et les fleurs, les airs de jeux, les bancs, l’étang et la serre lui a donné une présence particulière - une entité - délimité par sa clôture. À nouveau on passe sans problème de l’extérieur vers l’intérieur et vice versa sans contrainte aucune (presque, vu que les parcs en France ont des horaires d’ouvertures comme les bureaux, les écoles et les mairies). Mais sans cette contrainte, sa fermuture durant le confinement je n’aurais probablement jamais dansé autour du parc, sans elle je ne m’aurais pas approprié l’espace de la ville avec ses trottoires, ses murets, ses pavés, ses piliers de telle manière. Je n’aurais sans doute jamais engagé le regard de façon si ouverte et si soutenue d’un(e) étranger(ère) croisant mon chemin comme ici lors du quotidien habituel on prête très peu attention aux inconnus, tellement il y en a. Maintenant cet espace est aussi le mien, mon public.

Le premier jour où je suis entrée dans le parc depuis sa fermeture c’était une vraie danse de joie que j’ai performé sans me soucier de ce qu’on pouvait penser de moi. Ce qui est le plus drôle à mon avis c’étaient les personnes qui semblaient embarassé par une personne qui danse dehors et je me souviens d’un étudiant que je n’ai pas vu depuis un temps, il a du partir, qui dansait au coin de la rue en bas de chez lui. Il avait un naturel de se mouvoir, d’être dans sa bulle et de respirer le plaisir que la danse lui apportait.